Ennui, ennui profond. Profond, profond sommeil. Sommeil, sommeil… Rêve…

— Miss Finnigan me ferait-elle l’honneur de rester éveillée pendant mes cours ?

La concernée leva lentement la tête de ses bras croisés pour dévisager son professeur de japonais qui n’avait pas l’air de très bonne humeur. Logique, puisque Ruby s’était déjà endormie plusieurs fois pendant son cours. C’était même devenu une habitude, visiblement. Après tout, elle détestait le japonais, et elle ne comptait pas faire d’efforts en classe tant que ses résultats resteront à la hauteur des attentes de la pension. De plus, elle n’aimait pas son professeur ; et son professeur ne l’aimait pas. Alors pourquoi faire des efforts ? Le petit rubis aimait les matières scientifiques, et elle avait des notes parfaites dans ces matières. Les autres, elle ne les aimait pas, elle n’y voyait pas d’intérêt, elle ne travaillait pas. C’est comme ça qu’elle fonctionnait.

Ruby lorgnait d’un œil mauvais son professeur en plein monologue sur son comportement irrespectueux — c’est bien la seule chose qu’elle a capté — sous les yeux amusés des élèves de la classe fortune. Depuis plus d’un an qu’elle était dans ce pensionnat — depuis son ouverture en somme — c’était bien le seul prof qui se donnait encore la peine de réveiller l’albinos, ou de la tirer de ses rêveries. Peut-être qu’il était bête. Les autres avaient bien compris que même si elle n’écoutait rien, elle ne faisait pas baisser la moyenne de la classe et que son niveau était plus que correct. Alors ils la laissaient tranquille. Mais pas lui. Il était vraiment obstiné !

Le petit rubis tendit l’oreille juste pour entendre sa sanction, des devoirs supplémentaires. Bah, elle les ferait si jamais elle s’ennui vraiment beaucoup, et qu’elle n’a rien à faire. Chose qui risque peu d’arriver, elle trouvera forcément une occupation juste pour ne pas les faire…

— Bien, Monsieur.

Elle avait donné sa réponse sur un ton sarcastique, montrant bien qu’elle ne comptait certainement pas faire ce qu’il lui demandait. Il pouvait toujours rêver, c’est la guerre mon bon monsieur !

Quand la sonnerie retentit, Ruby ramassa ses affaires rapidement et sortit la première, comme à son habitude. Les cours étant finis, elle décida d’aller à la bibliothèque pour lire un peu. Sauf que son mauvais sens de l’orientation la mena dans le parc. Oui, elle est incapable de se repérer dans le pensionnat, et elle est aussi incapable de trouver le lieu dans lequel elle passe le plus de temps… L’albinos à un sens de l’orientation plus pitoyable encore que celui d’une huitre… Elle pesta, et fit demi-tour pour essayer de trouver la salle voulue. Sauf qu’après une demi-heure de recherche, elle finit de nouveau à l’entrée du parc. Ruby soupira longuement, et décida finalement de marcher dans le parc, à la recherche d’une occupation.

Elle s'installa dans l'herbe et entreprit de lire l'un des livres qu'elle avait emprunté la veille. Il n'y avait pas tellement de monde dans le parc, puisque qu'il faisait de moins en moins chaud, et que le soleil était de moins en moins présent. Pourtant, il était quand même là ; la journée était plutôt douce pour l'automne. Ruby leva la tête de son livre en entendant des pas proche d'elle. Un garçon, plus jeune qu'elle à vue d'oeil. Une famille pas très riche apparamment, certainement un prodige en musique, guitare selon elle. Et elle se remit à la lecture de son bouquin. Rien — à part peut-être ce cher directeur — ne pourrait vraiment faire réagir Ruby quand elle lit. Elle ne s'intéresse à personne et personne ne sait vraiment qui elle est. Quoi ? Comment elle a sut tout ça sur ce garçon ? N'oublions pas qu'elle est très douée dans les sciences du comportement...