tic tac tic tac tic tac.
Faisait le son de la montre de Dovtoï posée sur le rebord du matelas. Un son faible, mais répétitif, lancinant, au point que celui-ci se mette à résonner au plus profond de son crâne.
Tap. Tap. Tap. Tap.
Faisait le bruit de la branche de l'arbre à l'extérieur qui, poussée par le vent nocturne, se frappait doucement contre la vitre de la chambre.
Dovtoï, allongé sur le dos, sur la couchette du bas du lit, n'arrivait pas à dormir.
Non, il n'y arrivait résolument pas.
Yeux grands ouvert, les muscles tendu par une nervosité qui lui faisait face si souvent. Une nervosité qui allait jusqu'à l'empêcher de dormir ou, lorsqu'il y parvenait, venait troubler son sommeil. Le rendant agité et moins réparateur qu'il ne devrait.
Dovtoï tourna la tête sur le côté, son regard se posant sur la montre.
03H12
Et six secondes.
Sept secondes.
Huit secondes.
Brusquement, le jeune garçon s'installa en position assise sur le lit, fixant la fenêtre de son regard perçant. Sa mèche perchée sur sa tête avait décidé de passer résolument devant une partie de son visage. Son corps, seulement couvert d'un boxer, la couverture rabattue sur ses jambes, était une silhouette d'une pâleur exemplaire dans l'obscurité de la nuit.
Quels étaient les pensées qui habitaient le cadet Maeda en cet instant? Un amas trop brouillon pour que l'on puisse en déclarer clairement quelque chose. Puis, l'idée que ce n'était pas une branche qui frappait contre le carreau se détacha du brouhaha incessant de son esprit. Après tout, cela pouvait très bien être
quelqu'un qui avait l'intention
d'attenter à la santé de son si
précieux jumeau????
Il ne fallu pas plus d'une seconde pour que ses pieds nus touchent le sol et qu'il se dirige vivement vers la fenêtre, sourcils froncés, air menaçant imprimé sur le visage.
C'est avec vivacité qu'il tourna la poignée et ouvrit la fenêtre, laissant le vent s'engouffrer dans la chambre, secouer ses cheveux et faisant parcourir son corps d'un frisson, en un sifflement lugubre.
Branche.
C'était bien une branche.
Après un regard méfiant, yeux plissé pour mieux scruter l'obscurité, aux alentours, Dovtoï referma la pauvre fenêtre et lui gratifia même un regard haineux qui l'aurait fait trembler si elle avait été doué de vie. Et bien oui, elle l'avait inquiété pour rien, il fallait au moins ça.
Tap tap tap tap.
Recommença la branche.
Tic tac tic tac.
Continuait la montre.
Les deux sons se mêlant. Résonnant.
Toujours plus.
Toujours plus fort.
-...la ferme...- siffla t-il entre ses dents.
Il était fatigué.
Ses muscles restaient crispées dans l'état de nervosité dans lequel il se trouvait.
Vous connaissez le supplice des gouttes d'eau qui résonnent pendant des heures? Ces simples sons était exactement le même effet sur le jeune homme. Trop de nerfs. Trop susceptible. Peu de patience.
-... La ferme... la ferme...- murmura t-il encore.
Ses doigts se crispèrent sur sa tête, dans ses mèches blondes et fines.
Mais les sons continuaient.
Tic tac tic tac tic tac.
Tap tap tap tap tap.
Il lâcha ses cheveux et marcha d'un pas vif vers son lit. D'un mouvement brusque il se saisit de la montre et retourna vers la fenêtre.
Il l'ouvrit et jeta l'objet de toutes ses forces à l'extérieur.
-Je t'ai dis de la fermer!!!!!!!!!-
Puis il referma les battants en un claquement.
Le tic tac c'était arrêté.
Le vent soufflait moins fort et la branche ne frappait plus.
Et lui restait là, paumes et mains et front contre la vitre froide, le souffle haletant, son coeur battant la chamade.
Névrose.
A cet instant, il ne savait pas s'il avait réveillé son frère ou non.
Il n'avait pas fait attention.
Il ne pensait pas.
La seule chose que son esprit contrôlait, c'était son souffle. Qu'il essayait de calmer du mieux qu'il pouvait, les yeux fermés.
Il faisait froid à l'extérieur.
Le souffle glacé avait soufflé.
Mais lui, dans sa nervosité, brûlait de chaleur.
Dovtoï avait besoin de ce calmer.
Il en avait un besoin vital.
Tandis qu'un silence lourd était retombé sur la pièce obscure, seulement éclairée par la fébrile clarté bleue de la lune à moitié dévorée.